mardi, octobre 25, 2005

Pour vivre heureux, vivons cachés...

Ce proverbe est une sagesse populaire à laquelle l’Asiatique que je suis est sensible : ne pas rechercher les lumières de la rampe, c’est une discrétion fort louable. Mais nous avons vécu cachés trop longtemps, nous avons été trop discrets jusqu’ici. Regardez autour de vous : nous ne sommes présents dans aucune instance représentative de la société civile, syndicats, chambres de commerce, partis politiques. Sans parler de la représentation politique à tous les niveaux : gouvernemental, parlementaire, régional, municipal ! En un mot, nous n’existons pas !
Cette situation est anormale.
Est-ce une exclusion ou une démission. Peu importe, Aujourd’hui, nous voulons acquérir de la visibilité, mais nous refusons être visibles comme certains voudraient que nous le soyons, c’est-à-dire de façon négative. Nous avons tous été choqués par l’image que l’on a cherché à donner de nous certains médias, notamment à travers ces reportages sur les « appartements-raviolis » ! Que d’amalgames mensongers ! Que de partis-pris malveillants ! La communauté asiatique ne se réduit pas à des ateliers clandestins ou à des sans-papiers ! Qui s’est alors dressé pour nous défendre ? Personne ! Qui a cherché à contrer les initiatives de certains maires d’arrondissement contre la liberté d’entreprendre ? Personne ! Nous sommes sans voix, nous ne pouvons nous faire entendre. Voilà un silence que nous n’acceptons pas, et une peur que nous refusons de cautionner.
Or, la situation ne peut que s’aggraver. La Chine fait beaucoup parler d’elle depuis quelques années, son économie se développe à un rythme phénoménal, sa place sur la scène internationale se renforce. C’est un mouvement formidable, et nous sommes tous très fiers de voir nos frères et nos cousins chinois réussir à trouver le chemin de la croissance. Mais la Chine fait peur aussi. Pas un jour sans que les médias nous parlent des importations textiles, des délocalisations dans les secteur de la confection ou de la chaussure, des rachats d’entreprises occidentales par les Chinois, etc. On sent bien qu’il faudrait peu de choses pour qu’on nous refasse le coup du « péril jaune » ! Qui se lèvera alors pour expliquer que ce sont des fantasmes ? Qui pourra faire comprendre à l’opinion publique que l’échange interculturelle permet de mieux se comprendre ?
Nous voulons être vus, nous voulons être entendus !
Mais nous voulons surtout notre responsabilité.
Nous voulons pour nos enfants, pour les générations futures, une juste place dans la France du XXIème siècle. Nous ne pouvons plus nous contenter de survie, il faut vivre pleinement. Or vivre, c’est « vivre-ensemble ». Et c’est ça la définition même du politique. Pour exister, il faut exister politiquement. Certains ont peur de la politique, de se trouver instrumentalisés par la politique. C’est qu’ils ont une idée erronée de la politique. Car la politique est est la forme la plus noble de notre engagement.
Les jeunes de la communauté asiatique n’ont pas pris conscience qu’être pleinement citoyens, c’est s’exprimer selon les règles démocratiques de ce pays. Ils ont peut-être manqué d’exemplesou d’éducation politique et civique. C’est en pensant à eux qu'il faut se sentir ambitieux, parce que nous croiyons en eux. Nous croyons tous qu’ils ont un rôle éminent à jouer dans la vie de ce pays; il faut leur montrer le chemin, leur montrer qu’il est possible d’être aussi bons et efficaces que tous leurs compatriotes.
Donc utiliser la voie politique est indispensable aujourd’hui.

Aucun commentaire: