samedi, décembre 17, 2005

Rencontre avec les Chinois d'Indochine

Le samedi 17 Décembre 2005, Eric Zhou, Président du Groupe Chinagora, nous a aimablement mis à disposition une grande salle pour accueillir près de 200 français d'origine asiatique venus débattre de la problématique de la communauté chinoise à Paris, avec la participation de Michel Lu.

vendredi, décembre 16, 2005

Etre français au XXIème Siècle

Aujourd’hui plus que jamais, la France, en tant que communauté nationale, a besoin de savoir ce qui la constitue : qu’est-ce qu’être Français au XXIème siècle ? Dans un monde aux repères changeants, bouleversé par la mondialisation, quelle définition de l’identité française proposer, qui soit en mesure de rassembler plutôt que de diviser ?
Connaître et comprendre son passé afin de mieux définir son identité au présent, telle est la finalité de l’ample travail de mémoire qui s’effectue aujourd’hui, dans nombre d’initiatives à travers le pays. La création de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, dont l’inauguration est prévue en 2007, manifeste d’ailleurs l’extrême importance accordée par les autorités politiques à cette tâche.

Car la question de l’histoire de l’immigration est éminemment politique, au sens noble du terme, c’est-à-dire qu’elle conditionne la possibilité même de notre « vivre-ensemble », de notre vie dans la cité de demain. Au moment où les tensions sociales déchirent le tissu urbain, où les tentations communautaristes ou religieuses menacent la cohésion de la collectivité, il est urgent de construire un récit et une représentation de la France où l’apport spécifique de chacun soit reconnu à sa juste place.C’est en cela qu’il nous tient particulièrement à cœur de contribuer à enrichir cette histoire.

jeudi, décembre 15, 2005

Des nouvelles de Chine

Une explosion dans une mine de charbon de la province du Liaoning ; un tremblement de terre dans la province du Jiangxi déplaçant près de 500.000 personnes ; deux explosions dans des usines pétrochimiques à Jilin et à Chongqing provoquant une pollution au benzène dans la rivière Songhua et privant d’eau potable les quatre millions d’habitants de la ville de Harbin. Ces événements tragiques, qui sont de natures différentes, suscitent des réflexions et des sentiments mitigés.

Devant une telle situation, me revient à l’esprit une de ces comparaisons entre pays dont les Anglo-Saxons sont friands : on dit souvent que l’Inde, qui paraît en ébullition en surface, est très stable en profondeur alors que la Chine, qui paraît très stable en surface, bouillonne en fait en profondeur, déchirée par les conflits structurels engendrés par l’ampleur du développement économique et sa rapidité, surtout.

En verrouillant l’information, on peut donner l’illusion que tout va bien, mais combien de temps peut durer ce leurre à l’ère de la mondialisation ? Il ne s’agit pas ici de donner des leçons à qui que ce soit, mais on a toujours des choses à apprendre des autres : peut-être la Chine pourrait-elle jeter un regard sur son voisin indien et s’inspirer de certaines pratiques, qui montrent qu’il n’est pas nécessaire d’avoir peur de dire les choses, car la peur n’est jamais bonne conseillère.

En tout cas, je vois comme un signe encourageant l’attitude des autorités locales et des dirigeants de la China National Petroleum Corp., qui ont présenté leurs excuses à la population de Harbin !

mardi, décembre 06, 2005

L'immigration asiatique en France

L’immigration asiatique en France, peut-être parce qu’elle ne porte pas en elle les stigmates de la décolonisation, paraît souvent plus discrète ou silencieuse que les autres immigrations. En tout cas, elle ne semble pas susciter les polémiques qui entourent habituellement ce sujet sensible.
Son histoire est pourtant complexe et mérite d’être racontée de façon plus détaillée. On considère souvent que l’arrivée des immigrants asiatique sur le territoire français s’est faite en trois vagues distinctes : la première, à partir de la province du Zhejiang, débute dans les années 30, s’interrompt pendant la période maoïste et reprend en 1986 ; la seconde intervient dans les années 1970, en provenance du Sud-Est asiatique, et voit une population d’origine « indochinoise » s’installer dans le XIIIème arrondissement de Paris ; enfin une troisième vague amène, à partir de 1997, des migrants originaires de l’ex-Mandchourie, ceux qu’on appelle, non sans dédain parfois, les « Dongbei ». Une telle classification a le mérite de la simplicité, mais elle s’avère incomplète. Car l’immigration chinoise est plus ancienne : pendant la Première guerre mondiale, dans le cadre d’une convention signée entre les autorités chinoises et les gouvernements alliés, près de 150.000 Chinois arrivèrent pour participer à l’effort de guerre.

dimanche, décembre 04, 2005

150.000 chinois dans la Grande Guerre

L’écrivain Victor Segalen, auteur de Stèles, s’était rendu en Chine en 1917, dans ce qui devait être son dernier voyage, en tant que médecin chargé de superviser le recrutement des travailleurs. En mars 1917, il écrit de Nankin à son ami Jean Fernet : « J’appartiens donc à cette mission militaire de recrutement des travailleurs chinois. Les choses vont bien, et on lève à raison de 200 par jour… Ce sont des gens du Chantong et du Ngan-houei, infiniment plus sages et robustes que ces exportés dockers de Canton ou du Fou-kien».
Et, dans une lettre à sa femme Yvonne : « On a, de 6 heures du matin à 3 heures de l’après-midi, réexaminé et embarqué à bord de l’Empire, 1.800 coolies du Chantong et du nord du Kiangsou. De bons types de laboureurs bons garçons et pouvant faire de bonne besogne. Ils sont vêtus de neuf, lavés, trillés déjà. Je n’ai jamais vu foule chinoise si appétissante. Ils doivent compléter les 7 à 8.000 que l’on a déjà reçus en France. »
Originaires des provinces du Nord, ces hommes jeunes, pourvus d’un contrat de cinq ans, devaient travailler dans l’industrie et l’agriculture. Ils furent en fait affectés à toutes sortes de tâches : construction de dépôts de munitions et de lignes de chemins de fer, réfection des routes, nettoyage des champs de bataille, chargement et déchargement des navires dans les villes portuaires, manutention dans les manufactures d’armes et de munition, dans les constructions mécaniques et navales, etc. 95.000 furent mis à la disposition de l’armée britannique (au sein des fameux « Chinese Labour Corps »), dont le commandement se trouvait à Abbeville, les autres travaillèrent pour l’armée française dans le nord de la France. Certains auraient même pris part à la campagne de Picardie, en 1918.
Les chiffres ne sont pas très fiables mais on estime généralement qu’à la fin de la guerre, près de 20.000 ont trouvé la mort en France, entre 120.000 et 125.000 sont rentrés au pays, mais un nombre non négligeable d’entre eux, de 3.000 à 6.000, sont restés ici. Ils constituent donc la base de la première immigration chinoise d’importance en France.
Ces faits sont peu connus, même si plusieurs associations chinoises ont souvent cherché à attirer l’attention sur eux avec des cérémonies commémoratives officielles au cimetière de Nolette, à Noyelles-sur-Mer, près d’Abbeville, le plus important des 37 cimetières chinois de France.
Dans le XIIIème arrondissement, un monument à la mémoire de ces travailleurs a été inauguré en 1998, place Baudricourt. Les Français d’origine chinoise sont très attachés à cette mémoire, élément fondateur de leur identité, et ils manifestent de plus en plus leur désir de voir reconnue cette affirmation identitaire.